« le rayon inattendu »

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Septembre 2013- Piazza del Duomo. Comme à son habitude Milan propose une atmosphère grisâtre et frénétique, Tout le monde est pressé, de passage, en plein exercice de pendulaires toujours potentiellement en retard. Un rythme bien trop fou pour mon coeur qui affronte une rémission émotionnelle. Mais voilà qu’un rayon inattendu de lumière se propage sur la place, il n’est perceptible que par peu de personnes parce qu’il a pris une inattendue forme humaine. Un petit garçon sur les épaules de son grand-père apprend l’art de l’émerveillement depuis le point de vue omniscient que sa position lui offre. Il rit, amusée par cette foule de visages qui va sans être sûre d’avoir une vraie destination. J’essaie de capturer son sourire sur pellicule quand il passe devant moi, comme un roi sur son cheval, mais la photo est floue et je m’en veut pour mon manque de précision. Une deuxième chance se présente à moi, le petit, comme appelé au secours par ma gestuelle de résignation continue à rire et se tourne vers moi alors que son grand-père continue son chemin d’un pas ferme, il se tourne et pose pour moi, comme pour prolonger l’indescriptible rayon de soleil qu’il a amené à son insu dans mon coeur, le dépouillant un instant du brouillard qui lui colle à la peau et immergeant quelques secondes Milan dans des kilomètres d’océan et du sable sur ses pavés usée par le stress urbain.

« Looking for an emergency exit? »

L’on pourrait me dire: mais c’est qu’une photo des branches d’un arbre. Oui peut-être. Pour ma part j’y vois plus, je voit des bras ouvert vers un ciel serein et surtout je garde en229706_10151449351130886_1297412273_nmémoire quelque chose qui n’ai pas fixé sur le cliché, la bouffée d’oxygène que cette vue m’a offerte à un moment précis, où pour des raisons que je ne perdrais pas de temps à lister ici, je manquais d’air.

« The Invisible Neighborhood »

Les métropoles et les centres urbains nous donnent souvent l’impression que l’on vit tous entassés les uns à côté, en dessus ou encore en-dessous des autres, comme des sardines dans une boîte de conserve, quand je regarde les bâtiments c’est ce que je ressens, tant de petits microcosmes encastrés les uns près des autres. Et pourtant c’est souvent un sentiment de solitude qui nous anime. 933962_10151444718055886_565558661_nCe cliché illustre un mix des deux: Une rue peu fréquentée de Trastevere, un immeuble qui semble abandonné mais qui est loin de l’être, des fenêtres forment une lignée verticale parfaite, mais celle-ci n’est pas répliquée au niveau horizontal allant à l’encontre de la logique urbaine que nous portons inconsciamment en nous. Et pourtant je suis la seule à m’y attarder.  Si j’avais pris la peine de contourner l’immeuble peut-être que j’aurais trouvé la trace d’autres appartement encastrés dans ce mur. Je n’ai pas voulu. Cet immeuble modeste m’a donné une sensation de vrai microcosme à part, comme dans une bulle dont les parois seraient carrées au lieu d’être rondes et en briques au lieu d’être en savon.

Poudre de vie/ Polvere di vita

Une maison en ruines ne symbolise pas le vide pour autant, dans ce qu’il reste de ses fondations des brins d’instants, l’ombre des pas, rires et douleurs les nuits et les jours de ceux qui y ont habité. Poudre invisible d’existences.UImagena casa in rovine non simboleggia per tanto il vuoto, in quel che resta delle sue fondazioni briccioli di attimi, l’ombra dei passi, risate e dolori, le notti ed i giorni di coloro che vi hanno vissuto regnano silenziosi, polvere invisibile di esistenze.

 

 

L’attente/ L’attesa

L’ATTENTE. Août 2013, centre de Porto, un homme âgé feuillette son journal tout en faisant les cent pas devant un arrêt de bus. Ce dernier tarde, il n’arrive pas, d’une terrasse sur le trottoir d’en face, en pleine « trève touristique », occupée à me venger de la chaleur en engloutissant une boisson glacée, je l’observe et fixe sa résignation sur pellicule quand assis,la main appuyée sur son menton et le journal qu’il a eu le temps de terminer serré entre ses doigts, il représente au mieux, selon moi, l’ATTENTE. Il fixe mon appareil, reste à comprendre s’il est flatté, agacé ou surpris de ce clic qui le met à l’honneur.
L’ATTESA. Agosto 2013, centro di Porto, un caldo bestiale, un uomo anziano sfoglia il suo giornale mentre fa i cento passi davanti alla fermata dell’autobus. quest’ultimo tarda ad arrivare, anzi non arriva proprio. Io da una terrazza dall’altra parte della strada lo osservo nel bel mezzo di una « tregua turistica », occupata a vendicarmi dal caldo inghiottendo una bevanda ghiacciata. Fisso la sua rassegnazione su pellicola quando seduto, la mano appoggiata al mento et il suo giornale che ha avuto il tempo di leggere per intero arrotolato fra le sue dita, rappresenta al meglio il senso dell’ATTESA. Fissa la mia macchina fotografica come un vecchio leone, poi bisogna capire se è lusingato, innervosito o sorpreso di quel clic di cui è sovrano protagonista. – R-M GATTA.Image

« challenge on the beach »

La plage Imagepeut rimer avec bien des choses: relax, baignade, coup de soleil, sable cuisant, week-end en famille ou entre amis. Sur une plage comme beaucoup d’autres, l’an dernier, alors que je me détendais au soleil après une bonne séance de nage au large, mon regard est tombé sur une petite fille qui jouait seule au bord de l’eau. D’autres bambins un peu plus loin jouaient au badminton et construisaient des château de sable. Des activités bien banales pour cette petite fille. Elle effectuait une sorte de chorégraphie en sautillant sur les vagues et en tournant sur elle-même et en accompagnant les mouvements de ses jambes avec des brasées imaginaires dans l’air. Lorsque la marée a commencé à monter, elle s’est peu à peu rapprochée de moi et en souriant s’est écriée: « j’ai réussi! », curieuse de comprendre la raison de son enthousiasme je lui ai demandé. « à faire quoi? », et elle presque étonnée que je n’aie pas compris sa démarche:  » j’ai réussi à hypnotiser les vagues avec une danse voudou et à les faire avancer sur la plage! » J’ai envié la force de son imagination et lui ai fait mes compliments pour cet exploit réalisé. « j’y retourne, il faut que je continue ma danse pour que l’eau me donne un beau coquillage que je voudrais offrir à ma maman. » Elle a couru au loin, me laissant son sourire et l’envie de retomber en enfance…

La photo, parfois plus que des mots.

« the invisible neighborhood » by R. GATTA.

Les métropoles et les centres urbains nous donnent l’impression que l’on vit tous entassés les uns à côté, en dessus ou encore en-dessous des autres, comme des sardines dans une boîte de conserve, quand je regarde les bâtiments c’est ce que je ressens, tant de petits microcosmes encastrés les uns près des autres. Et pourtant c’est souvent un sentiment de solitude qui nous anime. 933962_10151444718055886_565558661_nCe cliché illustre un mix des deux: Une rue peu fréquentée de Trastevere, un immeuble qui semble abandonné mais qui est loin de l’être, des fenêtres forment une lignée verticale parfaite, mais celle-ci n’est pas répliquée au niveau horizontal allant à l’encontre de la logique urbaine que nous portons inconsciamment en nous. Et pourtant je suis la seule à m’y attarder.  Si j’avais pris la peine de contourner l’immeuble peut-être que j’aurais trouvé la trace d’autres appartement encastrés dans ce mur. Je n’ai pas voulu. Cet immeuble modeste m’a donné une sensation de vrai microcosme à part, comme dans une bulle dont les parois seraient carrées au lieu d’être rondes et en briques au lieu d’être en savon.

« The power of roman faith » by R. GATTA-970019_10151444272770886_1284108427_n

Cette photo-ci mérite une brève explication: Cette rue se trouve a Trastevere, un quartier de Rome longeant le Tibre et qui à l’époque était le rendez-vous de tous les musiciens de rue. La rue se nomme « Via dell’Arco di San Calistro », il a été taggué San Califfo parce qu’il y a moins d’un mois un chanteur romain très populaire et apprécié dans la ville éternelle est décédé, il s’appelait Franco Califano, dit « Er Califfo ». C’est un brin de la « foi romaine » et de la magnifique originalité qui la caractérise que j’ai voulu fixé par ce cliché.

« Looking for an emergency exit? « – by R. GATTA

L’on pourrait me dire: mais c’est qu’une photo des branches d’un arbre. Oui peut-être. Pour ma part j’y vois plus, je voit des bras ouvert vers un ciel serein et surtout je garde en 229706_10151449351130886_1297412273_nmémoire quelque chose qui n’ai pas fixé sur le cliché, la bouffée d’oxygène que cette vue m’a offerte à un moment précis, où pour des raisons que je ne perdrais pas de temps à lister ici, je manquais d’air.

« The wild side of the Eternal City »– by R. GATTA.

Je garde un souvenir très sympathique d’une journée en solitaire à Rome, après la visite du Palais Barberini et une heure d’extase devant les toiles de Caravaggio, en sortant du musée un chat m’a tenu compagnie pendant près d’une heure dans un petit parc près du Quirinal. DSCN4333L’odeur du sandwich y était sans doute pour quelque chose, mais le fait est qu’une complicité insolite s’est instaurée entre moi et ce félin, petit guide improvisé  à m’offrir sa compagnie à coup de miaulements et de ronronnement en quête de caresses.  L’espace d’un instant j’ai compris l’optique de Paul Auster dans Tombouctou et cela m’a poussée à le relire.

« An unusual meeting »– by R. GATTA

Porta Portese. Un dimanche matin, jour de marché à Rome, un univers de bibelots et de vieillieries indescriptibles dans le coin du marché aux puces, des habits de seconde main, des plumes, des orlogues, des machines à café, un secrétaire qui, dit le vendeur d’un ton aguicheur, aurait appartenu à Trilussa un grand poète romain. Une foule de personnes, pire un magma presque inquiétant. Un peu de déception, l’on est bien loin du marché typiquement romain, le marché des magouilles et des bonnes affaires immortalisé dans la pellicule « I Soliti Ignoti » de Nanni Loy en 1959 mettant en scène de sublimes Gassmann et Mastroianni. Les crieurs de Testaccio ont cédé leur place à d’innombrables indiens ou japonais qui vendent des gadgets improbables sur la place du grand marché. Je sors de ce chaos humain, contente d’avoir trouvé de grands classiques du cinéma italien en dvd pour moins de 5 euros mais tout de même déçue de ne pas avoir pu prendre quelques belles photos des vendeurs romains que j’étais venue cherchée. DSCN4598Ma cigarette et moi attendons l’arrivée du trame, quand tout d’un coup en face de moi j’aperçois un banc et deux peluches qui y sont posées. Loufoques, elles me fixent, un couple de touristes anglais passent devant le banc et renoncent à s’y asseoir comme pour éviter de déranger ce couple improbable. Une rencontre qui m’a fait éclaté de rire et a sauvé ma frustration photographique de la journée.

« Your envy will become my strength »– by R. GATTA

août 2012. Un mémoire sur la dramaturgie française en cours. Une chaleur massacrante à la bibliothèque, un soleil puissant dehors qui tue les peu de neurones encore aptes à se concentrer. Un besoin fou d’arriver au point final qui semble lointain, à des années lumières. Un peu de blues parce qu’entre travail universitaire et travail à 75 % dans un centre commercial pour survivre – vu qu’on ne peut toujours pas vivre uniquement de belles paroles malheureusement !- ma vie sociale est au point mort. Un brin de rage dans le fait de constater que le dicton « loin des yeux, loin du coeur » est impitoyablement vrai et que certains amis ne te cherchent pas alors même que tu ne demandes qu’à être trouvée. Une pincée de ressentiment pour ceux, amis ou membres de la famille, qui se sont éloignés parce que tu fais un bout de chemin qu’ils envient secrètement. Un océan d’énervement pour ce premier amour qui n’a pas eu la patience d’attendre la fin de tes études pour faire le tour du monde et qui est parti sans toi. Un peu d’ennui et d’envie d’ailleurs pendant que je me vautre sur mon brouillon bourré de fautes frappes et de tâches de café et quelques larmes. Puis une idée de photo: ma main qui se meure sur ce papier et une unique phrase sculptée au stylo bille sur sa paume: votre envie sera ma force, en italien parce que c’est cette langue maternelle qui part des tripes. Bref répit et une satisfaction qui ne blesse personne vu que personne n’est visé…enfin presque. IMG_1534

« An unusual meeting »

Porta Portese. Un dimanche matin, jour de marché à Rome, un univers de bibelots et de vieillieries indescriptibles dans le coin du marché aux puces, des habits de seconde main, des plumes, des orlogues, des machines à café, un secrétaire qui, dit le vendeur d’un ton aguicheur, aurait appartenu à Trilussa un grand poète romain. Une foule de personnes, pire un magma presque inquiétant. Un peu de déception, l’on est bien loin du marché typiquement romain, le marché des magouilles et des bonnes affaires immortalisé dans la pellicule « I Soliti Ignoti » de Nanni Loy en 1959 mettant en scène de sublimes Gassmann et Mastroianni. Les crieurs de Te

staccio ont cédé

leur place à d’innombrables indiens ou japonais qui vendent des gadgets improbables sur la place du grand marché. Je sors de ce chaos humain, contente d’avoir trouvé de grands classiques du cinéma italien en dvd pour moins de 5 euros mais tout de même déçue de ne pas avoir pu prendre quelques belles photos des vendeurs romains que j’étais venue cherchée.Ma cigarette et moi attendons l’arrivée du trame, quand tout d’un coup en face de moi j’aperçois un banc et deux peluches qui y sont posées. Loufoques, elles me fixent, un couple de touristes anglais passent devant le banc et renoncent à s’y asseoir comme pour éviter de déranger ce couple improbable. Une rencontre qui m’a fait éclaté de rire et a sauvé ma frustration photographique de la journée.

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« The Wild Side of the Eternal City »

Je garde un souvenir très sympathique d’une journée en solitaire à Rome, après la visite du Palais Barberini et une heure d’extase devant les toiles de Caravaggio, en sortant du musée un chat m’a tenu compagnie pendant près d’une heure dans un petit parc près du Quirinal. DSCN4333L’odeur du sandwich y était sans doute pour quelque chose, mais le fait est qu’une complicité insolite s’est instaurée entre moi et ce félin, petit guide improvisé  à m’offrir sa compagnie à coup de miaulements et de ronronnement en quête de caresses.  L’espace d’un instant j’ai compris l’optique de Paul Auster dans Tombouctou et cela m’a poussée à le relire.

« Your envy will become my strength »

août 2012. Un mémoire sur la dramaturgie française en cours. Une chaleur massacrante à la bibliothèque, un soleil puissant dehors qui tue les peu de neurones encore aptes à se concentrer. Un besoin fou d’arriver au point final qui semble lointain, à des années lumières. Un peu de blues parce qu’entre travail universitaire et travail à 75 % dans un centre commercial pour survivre – vu qu’on ne peut toujours pas vivre uniquement de belles paroles malheureusement !- ma vie sociale est au point mort. Un brin de rage dans le fait de constater que le dicton « loin des yeux, loin du coeur » est impitoyablement vrai et que certains amis ne te cherchent pas alors même que tu ne demandes qu’à être trouvée. Une pincée de ressentiment pour ceux, amis ou membres de la famille, qui se sont éloignés parce que tu fais un bout de chemin qu’ils envient secrètement. Un océan d’énervement pour ce premier amour qui n’a pas eu la patience d’attendre la fin de tes études pour faire le tour du monde et qui est parti sans toi. Un peu d’ennui et d’envie d’ailleurs pendant que je me vautre sur mon brouillon bourré de fautes frappes et de tâches de café et quelques larmes. Puis une idée de photo: ma main qui se meure sur ce papier et une unique phrase sculptée au stylo bille sur sa paume: votre envie sera ma force, en italien parce que c’est cette langue maternelle qui part des tripes. Bref répit et une satisfaction qui ne blesse personne vu que personne n’est visé…enfin presque. IMG_1534